Le travail, la lutte et les passions
Bronzes belges du tournant du XXe siècle
Donation Philippe et Françoise Mongin
+
Jules Adler, Peindre sous la IIIe République
Roubaix La Piscine (23, rue de l’Espérance, 59100 Roubaix)
29 juin — 22 septembre 2019
Le travail, la lutte et les passions: Bronzes belges du tournant du XXe siècle
Donation Philippe et Françoise Mongin
Acquis de longue date à la cause de la sculpture des XIXe et XXe siècles, le musée de Roubaix a accepté avec enthousiasme la proposition d’un couple de collectionneurs parisiens de lui faire don, sous réserve d’usufruit, d’un très bel et rare ensemble de bronzes décoratifs belges. Présentée pour la première fois au public, cette collection comprend cinq bronzes de l’emblématique Constantin Meunier (1831-1905), sept bronzes du baroque moderne Jef Lambeaux (1852-1908) et un bronze de Joseph Witterwulghe (1883-1967). Jef Lambeaux et Constantin Meunier constituent deux signatures fortes particulièrement bienvenues dans les collections roubaisiennes où elles contribuent à affirmer le lien fort qui unit l’histoire du musée à la «belgitude» de Roubaix. La proximité géographique et les besoins considérables de main d’œuvre d’une industrie textile (lainière notamment) en pleine explosion ont alimenté au XIXe et au début du XXe siècles une très importante immigration flamande dans toute la métropole lilloise, et notamment dans les villes de Roubaix et Tourcoing.
Ces œuvres prennent un sens particulier à proximité de la nouvelle galerie de sculptures, où sont abordés, entre autres, la question de la sculpture décorative dans les intérieurs privés, la notion d’édition et de multiple, ou encore le thème des monuments au travail et aux travailleurs, autour des recherches de Dalou et Rodin, de Meunier et de Bouchard. Leur présentation en cohérence avec la rétrospective Jules Adler qui se tient au même moment permet d’enrichir une saison consacrée aux images engagées du monde des humbles et des laborieux dans l’art moderne.
Cette exposition-dossier est également l’expression de la reconnaissance de La Piscine envers M. et Mme Mongin pour leur généreuse attention en faveur du patrimoine sculpté conservé à La Piscine.
Commissariat Alice Massé
Jules Adler, Peindre sous la IIIe République
Peintre franc-comtois né à Luxeuil-les-Bains, Jules Adler (1865-1952) s’inscrit dans le courant des artistes naturalistes qui ont incarné, à la fin du XIXe siècle, une voie alternative entre les avant-gardes impressionnistes et un art plus officiel qu’on dit académique. À l’origine d’une peinture d’histoire inscrite singulièrement dans son temps, Adler est aujourd’hui un peintre largement oublié malgré une longue et véritable carrière institutionnelle.
La rétrospective présentée à Dole et Évian avant Roubaix et Paris, avec le soutien de l’association des Amis de Jules Adler, fait suite au colloque organisé par le musée de Dole en partenariat avec le Centre Georges-Chevrier (Dijon, UMR 7366, université de Bourgogne / CNRS) en janvier 2016. Elle est l’occasion de réécrire et de découvrir l’œuvre complexe de ce peintre, pris entre modernité et académisme, de mieux comprendre ses hésitations formelles et iconographiques, son inscription dans le contexte historique, socio-culturel et politique de la Troisième République.
Au musée de Roubaix, l’œuvre d’Adler trouve un écho particulier dans la production de Rémy Cogghe (1854-1935), éminent représentant d’un naturalisme décliné sur le mode flamand et anecdotique. Il entre par ailleurs en résonnance avec la section consacrée, dans la nouvelle galerie de sculptures, à la représentation des travailleurs et au rêve, poursuivi par maints sculpteurs à la fin du XIXe et au début du XXe siècle d’un monument à la gloire du travail et des travailleurs, de Rodin à Meunier en passant par Dalou et Bouchard. Plus largement Roubaix, ville industrielle et industrieuse qui dut sa prospérité au labeur textile, s’est imposée comme une étape évidente pour l’exposition. Jules Adler est présent dans les collections du musée avec un dessin au fusain et pastel de garçon assis offert par Julia Izart en 1938 et deux paysages industriels exécutés à Charleroi en 1901 donnés récemment par Vincent Foucart. Ces trois œuvres permettent de rappeler combien Jules Adler a constitué une personnalité importante pour la scène artistique locale du début du XXe siècle, bien représentée dans les expositions de la galerie Dujardin qu’animèrent de 1905 à 1939 Eugène et Rose Dujardin. Défendant une programmation post-impressioniste assez prudente, alignée sur le modèle des salons parisiens et locaux de l’entre-deux-guerres, la galerie Dujardin consacre en effet dans les années 1920 plusieurs accrochages aux membres du « Groupe des Dix » qui réunit, outre Adler, les peintres Charreton, Bergès, Désiré-Lucas, Montezin, Marie Réol, Grosjean, Jourdan, Quost et Willaume. La référence rassurante à l’Impressionnisme contribue à susciter un véritable marché dans la région du Nord pour ces artistes dont bon nombre bénéficièrent d’expositions personnelles dans la galerie installée 14 boulevard de Paris à proximité du parc de Barbieux. Ce fut le cas pour le « Maître Jules Adler » du 1er au 15 avril 1925.
Rassemblant une cinquantaine de peintures et dessins provenant de collections publiques et privées, et notamment quelques formats monumentaux entrés dans l’imaginaire collectif (ainsi de La Grève au Creusot),
l’exposition permettra de mettre en avant la diversité thématique et typologique de la production d’Adler, la dimension sociale et humaine de son art et l’engagement du peintre en faveur des figures du peuple – mineur, petite main ou simple chemineau. Aux côtés des motifs de prédilection, de celui qui fut qualifié de « peintre des humbles », puisés dans le monde de la rue et plus largement de la ville et des villages, seront évoquées des commandes spécifiques comme le décor des Thermes de Luxeuil-les-Bains.
Commissariat général Alice Massé
Commissariat scientifique Amélie Lavin (directrice du musée des Beaux-Arts de Dole), Vincent Chambarlhac (maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Bourgogne France- Comté), Bertrand Tillier (professeur en histoire contemporaine, Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne)
Monographie Jules Adler (1865-1952). Peindre sous la Troisième République, publiée à l’occasion de l’exposition aux éditions Silvana Editoriale
Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture / Direction générale des patrimoines / Service des musées de France. Elle a bénéficié à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État.